Dzien dobry (hélas, je n'ai pas de clavier en polonais)

Bonjour à tous,

Il y a fort longtemps que je n'ai pas envoyé de message et je m'en excuse ; surtout que grâce à votre site, j'ai pu retrouver une amie d'enfance que je n'ai pas vue depuis plus de 48 ans !

J'ai quitté la Pologne en janvier 1963 avec mes parents (j'avais un peu moins de 6 ans).

Nous nous sommes installés en France et, depuis que je me suis mariée, je vis à Paris.

Aux prochaines vacances de Pâques, j'ai l'opportunité de repartir en Pologne avec un copain en voiture ; mon programme : Lodz (où je suis née et où j'aimerais revoir mon amie Wladyslawa qui y demeure toujours), puis Ciechocineck où j'ai passé de merveilleuses vacances, Torun, puis Sopot, et puis retour en France aux alentours du 24 avril 2011.

Voilà mes dernières nouvelles ; en plus, comme j'écris de la poésie, je viens de publier un recueil de poèmes LE MONDE A MA FENETRE (une séance de lecture/signature est prévue le 12 mai 2011 à parir de 19 h 30 à la LIBRAIRIE L'ETERNEL RETOUR 77, rue Lamarck 75018 PARIS (France)... pour ceux qui seraient éventuellement intéressés...

Je vous embrasse.

Cypora

Bonjour,
Félicitations pour la publication de votre recueil! Auriez-vous la gentillesse de nous faire partager l'un de vos poèmes?
Je traduis actuellement les poèmes de Kévin Broda en polonais. J'en profite pour vous inviter à visiter le blog qu'il vient tout juste de créer. L'auteur y ajoutera au fur et à mesure de nouveaux textes.

http://kevin-broda-poete.over-blog.com/

Bonne lecture!

Chouette comme planning Cypora! Tu auras l'occasion de voir des belles endroits. Je te souhaite un bon séjour en Pologne et surtout les félicitations pour ta publication.

Merci à vous... J'espère, aussi, que la météo sera au rendez-vous ! Voici un extrait des poèmes de mon recueil :

« Au nord, c’était les corons,
La terre, c’était le charbon,
Le ciel, c’était l’horizon,
Les hommes, des mineurs de fond… »
(Pierre Bachelet)

MINEURS DE FOND

Ils creusent des sillons au ventre de la terre
Extirpant des bas-fonds l’or noir de la misère ;
En guise d’éclairage à leurs fronts barbouillés,
Un lanterneau propage un rayon fatigué.

Dénudés à mi-corps, ruisselant de sueur,
Dans un lent corps à corps, apprivoisent la peur
Car la Mort qui les toise au détour d’un goulet
Quand le grisou pavoise hochant son couperet,

Tel un vil mécréant sans cœur, ni état d’âme,
Les laisse agonisants dans une étreinte infâme !
Dans la poi qui les mine, le long de leur vie,
C’est au fond de la mine, qu’ils gagnent leur vie,

Arrachant du limon, comme de noirs viscères,
Dégoulinant filon, le marc brun de la terre,
Y puisant, sans arrêt, à grands coups de harpons,
Le poussier, le boulet, la houille et le charbon !

Je leur dédie ces mots que je grave en la pierre :
Ceux qui cachent leurs maux sous des lauriers sans gloire,
Car ils mourront, un jour, pour un pain de misère
Sans jamais contempler que des horizons noirs !

(c) Cypora Sebagh (extrait de LE MONDE A MA FENETRE)

LES VIEUX

Il y a bien longtemps que rien ne les désarme :
Où est-il celui-là qui lui offrait des fleurs ?
Où est-elle l’aimée qui lui donna son cœur ?
Le temps les a semés et plus rien ne les charme.

Mais, j’en croise, parfois, au détour du chemin
Trottinant, pas à pas, au déclin de leur vie,
Ils se tiennent la main comme de grands gamins
Ou s’embrassent, touchants, sous mes yeux attendris.

Car, après tant d’années de bonheur et d’épreuves,
Ils n’ont pas oublié que leur vie fut amour,
Ce qu’il en reste en eux s’en gorge et s’en abreuve,
Pour s’en désaltérer jusqu’à la fin des jours.

Il arrive, pourtant, que la mort les enlève
Emportant, sans retour, Chimène ou Valentin,
Et celui qui demeure erre seul sur la grève
Maudissant le destin qui le laisse orphelin !

Ils n’attendent de nous, bien souvent, qu’un sourire,
Promenant leurs corps las une canne à la main,
Sous notre humble regard, ils semblent rajeunir
Et leurs yeux pétillants redeviennent écrins.

Si vous la rencontrez habillée de dentelles
Ou lui, endimanché dans un costume gris,
Rappelez-vous, demain, vous serez tout comme elle :
Les cheveux argentés… Et vous, messieurs, aussi !

(c) Cypora Sebagh (extrait de LE MONDE A MA FENETRE)

Merci beaucoup de nous avoir fait découvrir ces deux poèmes... C'est très beau... et émouvant!

Merci... Je suis allée lire le Blog de Kévin. J'aime beaucoup ce qu'il écrit ; c'est très profond et très beau.

Cypora

Bonjour à vous tous,

Comme je vous l'ai dit, je suis allée en Pologne (partie samedi 16.4 et retour le 21.04... un peu court je vous l'accorde), surtout qu'on a parcouru presque 4000 km (Paris ==>Sopot, Ciechoconek, Torun, Lodz==>Paris)... Crevant, mais génial ! Juste une envie, y retourner ! En plus, je parle encore un peu le polonais... alors, pas trop dépaysée... comme un poisson dans l'eau... La Pologne est décidément un très beau pays ! J'y reviendrai avec mes trois enfants pour leur montrer toutes ces belles choses que j'ai vues !

Je vous embrasse.

Cypora

Bonjour Cypora,

Est-ce que tu as eu l'occasion de revoir ton amie a Lodz? Je vois que tu es sous charme de la Pologne et c'est bien que tu te souviens encore du polonais, je suppose que ça a facilité des contactes.
Alors le retour c'est quand?

Bonjour,

"Est-ce que tu as eu l'occasion de revoir ton amie a Lodz? Je vois que tu es sous charme de la Pologne et c'est bien que tu te souviens encore du polonais, je suppose que ça a facilité des contactes.
Alors le retour c'est quand ?"

Je suis rentrée JEUDI et oui, le charme a opéré, bien plus que je n'aurais pu l'imaginer ! Je n'ai qu'une envie : y retourner avec mes trois enfants ; ils faut qu'ils voient le pays où leur mère a grandi !

Je pense que ma fille aînée sera la moins dépaysée, car elle a déjà séjourné en Serbie, et elle parle couramment le serbe qui ressemble, étonnemment, à la langue polonaise.

Oui, j'ai pu rencontrer mon amie Wladyslawa. Elle est directrice de l'Agence de Voyage où elle travaille !

C'était génial ! En plus, à Lodz où je suis née et ai vécu, j'ai retrouvé l'immeuble où nous habitions. Ca fait un drôle d'effet.

L'émotion est montée d'un cran quand nous avons marché sur le sable blanc de Sopot où j'ai fait mes premiers pas...

Hum... Si mon corps physique est bien rentré, mon esprit est toujours là-bas... Je suis encore en vacances jusqu'à Lundi inclus puisque c'est Pâques... Le retour à mon travail va être rude !

La Pologne est devenue un pays ultra-moderne ; il y a des travaux partout ; on refait les routes, on construit... Notre GPS s'est d'ailleurs un peu égaré par moment !

La vie y est plutôt bon-marché (par rapport à nos salaires français évidemment) : 1 € = environ 4 zloty.

Le dernier Hôtel où nous avons dormi, à 8 km de Lodz, un 3 étoiles tout de même, ne nous a coûté que 36 € la nuit (130 Sloty), avec petit-déjeûné A VOLONTE ; en France, ça n'existe pas ce genre d'endroit... Enfin, pas à ma connaissance.

Je suis rentrée avec plein de belles images dans ma tête.

Je me suis rendue compte, finalement, que mon polonais, non seulement n'avait pas disparu, mais s'étoffait au fils des conversations : alors, mon idée, aujourd'hui, serait de prendre des cours pour en apprendre davantage, et surtout, lire et écrire, ce que je n'ai jamais appris, n'ayant jamais fréquenté l'école en Pologne.

Voilà un peu de ce qu'il m'a été permis de voir et de faire ; il ne me reste plus, puisque j'écris de la poésie, qu'à l'écrire.

Je vous embrasse.

Cypora

Et puis, j'en ai rapporté ce poème-ci :

L’AMI DE SOLITUDE

En me menant là-bas, il a pansé mes peines,
Redonnant à ma vie, un peu comme un cadeau,
Cette part de ciel bleu -cette part de moi-même-
Celle qui s’est perdue jadis au fil de l’eau.

Et même s’il souffrait, compagnon solitaire,
Posant son doux regard sur la mer et ses vagues,
Il a su consoler -mon génie salutaire-
Le cafard qui montait en moi telle une vague.

Moi j’ai vu, de ces yeux, déborder tant de larmes,
Lui qui semblait si grand, invincible et si fort,
Oui, je l’ai vu pleurer comme un enfant s’alarme
Quand sa mère s’en va en le laissant dehors.

Exorcisant les peurs qui étouffaient nos âmes,
Nous avons partagé les rires et les pleurs,
Mon « géant de papier », a déposé ses armes,
Cicatrisant les plaies blessant encor nos cœurs.

On s’est dit, sans pudeur, toutes nos inquiétudes
En déroulant nos vies d’hiers en aujourd’huis
Et, levant le linceul de nos deux solitudes…
…On aurait pu s’aimer jusqu’au bout de la nuit.

Pourtant, je n’ai rien dit malgré ce que j’en pense,
Pourtant, je n’ai rien fait et c’est, main dans la main,
Qu’on a fini la route en traversant la France
Et le soleil couchant nous montrait le chemin.

Il paraît que le temps estompe les blessures…
Je l’ai laissé partir vers celle qui l’attend,
C’est un ami, un vrai, je lui souhaite un futur
Qui le revêtira de l’amour qu’il attend...

...Quant-à moi, plus jamais, je ne serai la même :
Il a rouvert un cœur que je croyais fermé
Je suis sûre à présent quand je dirai « je t’aime »
Ce cœur, tel un oiseau, s’envolera…charmé.

En me menant là-bas, il a pansé mes peines,
Redonnant à ma vie, un peu comme un cadeau,
Cette part de ciel bleu -cette part de moi-même-
Celle que j'ai perdue... jadis au fil de l’eau.

(c) Cypora Sebagh (23.04.2011)