Peintre et graphiste, un des premiers impressionnistes et symbolistes de l’art polonais à la charnière du XIX et du XX siècles.
Initiateur du courant coloristique dans la peinture polonaise des années 20 et 30.
Né en 1866 à Lublin, mort en 1940 à Marseille.
En tant que pédagogue il a formé toute une génération des peintres et graphistes polonais, surtout des artistes groupés dans le KOMITET PARYSKI / COMITE DE PARIS (les kapistes), des artistes de telle taille comme
Jan Cybis, Artur Nacht-Samborski, Jozef Czapski, Zygmunt Waliszewski et Tadeusz Potworowski.
Il a commencé son éducation artistique en 1884 à la Classe de Dessin de Varsovie.
Ayant obtenu la bourse des Tyzenhauz, il a continué les études dans les années 1885-1886 à l’Académie des Beaux-Arts de Saint Petersburg.
Il a perfectionné ses aptitudes de peintre à Paris où il a séjourné depuis 1889 avec son ami de l’école Wadyslaw Podkowinski.
C’était là qu’il a remporté la médaille d’argent à l’Exposition Universelle pour le tableau
TARG NA JARZYNY NA PLACU ZA ZELAZNA BRAMA / LE MARCHE AUX LEGUMES A LA PLACE DE ZELAZNA BRAMA peint en 1888 dans la convention réaliste.
En même temps il absorbait les courants contemporains de l’art français.
Après son retour à Varsovie en 1890 il a transmis au sol de la peinture polonaise les principes du luminisme impressionniste.
(TARG NA KWIATY PRZED KOSCIOLEM SW. MAGDALENY W PARYZU / LE MARCHE AUX FLEURS DEVANT L’EGLISE STE MADELEINE A PARIS, 1890).
En 1897 il est devenu membre de la TOWARZYSTWO ARTYSTOW POLSKICH "SZTUKA" / SOCIETE DES ARTISTES POLONAIS "ART".
Pendant la période 1897-1903 il a fait plusieurs voyages en Europe.
En 1899 il a participé à l’exposition universelle à Paris où il a été honoré par une médaille d’or pour le tableau
PORTRET PANI ODERFELDOWEJ Z CORKA / PORTRAIT DE MADAME ODERFELD AVEC SA FILLE (1897)
En 1906 il a été nommé professeur à l’Académie des Beaux-Arts cracovienne.
En 1908 il a séjourné en France où il s’était lié d’amitié avec Pierre Bonnard et Félix Fénéon.
Dans les années suivantes il y allait en vacances pour perpétuer sur ses toiles et ses gravures à l’eau-forte les vues de Concarneau, St. Valery en Caux, Collioure, Saint-Tropez, Vernon et Giverny.
Il a passé la période de la I Guerre Mondiale en Espagne.
En 1924 a eu lieu son exposition individuelle au salon varsovien de Czeslaw Garlinski.
A Paris Pankiewicz a exposé ses oeuvres à la galerie de Zborowski (1927); il était membre de la Société des Artistes Polonais à Paris et de l’Association des Artistes Polonais en France.
En 1927, Pankiewicz a fait quelques voyages en plein-air à Saint-Tropez, Cassis, Sanara et La Ciôtat, où il s’était définitivement installé en 1939.
Son oeuvre :
1.Les Peintures:
La grande culture, le savoir et la sensibilité esthétique de Pankiewicz ont constitué le fondement de l’œuvre de Pankiewicz riche en motifs et phases stylistiques.
Dans les années 1892-1893 l’artiste a abandonné la féerie des couleurs impressionnistes pour une harmonie monochromatique de vedutes nocturnes.
Les nocturnes nostalgiques de Pankiewicz appartiennent aux chefs-d’œuvre du symbolisme polonais (RYNEK STAREGO MIASTA W WARSZAWIE NOCA / LA GRAND-PLACE DE VARSOVIE LA NUIT, 1892; ZAULEK NOCA - WASKI DUNAJ / UNE VENELLE LA NUIT - WASKI DUNAJ, vers 1892; DOROZKA W NOCY / UN FIACRE LA NUIT, 1896; PARK W DUBOJU / LE PARC A DUBOJ, 1897).
A voir dans l'imposant livre "symbolisme polonais" éditions d'Art/Somogy
1984
(NOKTURN - LABEDZIE W OGRODZIE SASKIM NOCA / NOCTURNE - LES CYGNES AU JARDIN SASKI LA NUIT, 1894);
les formes irréalisées par le sfumato nocturne deviennent un équivalent graphique des états émotionnels de l’artiste, exprimés en métaphores dans la poésie de Stéphane Mallarmé.
Les registres étroits du bleu, du vert, du gris et du noir éteints ont dominé aussi les portrait peints par Pankiewicz,
des portrait silencieux, avec des traits concentrés des visages modelés
(PORTRET WANDY KULAKOWSKIEJ / PORTRAIT DE WANDA KULAKOWSKA, 1894; PORTRET MATKI / PORTRAIT D’UNE MERE, 1900).
intérêt pour l’esthétique japonaise assimilé à l’art de Whistler JASIENSKI PRZY FORTEPIANIE / JASIENSKI AU PIANO, 1908)
(JAPONKA / UNE JAPONAISE, 1908; WAZON PERSKI / UN VASE PERSE, 1908; MARTWA NATURA Z BLEKITNYM WAZONEM / NATURE MORTE AU VASE BLEU, vers 1900; BUDDA I LEWKONIE / LE BOUDDHA ET LES MATTHIOLES, 1906).
Pendant ses nombreux voyages en Italie et en France dans la première décade du XXème siècle, fascination pour l’art de Pierre Bonnard et Paul Cézanne.
Il se lia d ‘amitié avec Bonnard; dans les années 1909-1910 ils ont partagé le même atelier pendant les vacances à St. Tropez, dans les années 1911-1912 ils ont voyagé ensemble pour les pleins-airs en Normandie, à Giverny et Vernon.
Sous l’influence de Bonnard Pankiewicz avait élargi sa palette en introduisant une gamme de couleurs fauvistes, des couleurs fortes, saturées, jointes par contraste
(KOBIETA CZESZACA SIE / UNE FEMME SE PEIGNANT, 1911);
(PORT W CONCARNEAU / PORT A CONCARNEAU, 1908)
(ULICA W MADRYCIE / UNE RUE A MADRID, 1916; TARAS W MADRYCIE / UNE TERRASSE A MADRID, 1917).
Les années 20, remplies, à part son travail créatif, d’activités pédagogiques, ont apporté un autre changement de la formule de sa peinture.
Pankiewicz avait abandonné les fascinations post cubistes en faveur d’une esthétique traditionaliste qui se rapportait à l’art ancien et à l’observation directe de la nature.
Il a retrouvé l’atelier traditionnel, il faisait ressortir la solidité des formes avec un modelage en clair-obscur, il étudiait la gradation des valeurs, il construisait les formes d’une façon souple, en tâches chromatiques posées doucement.
(PEJZAZ POLUDNIOWY Z DOMEM / PAYSAGE MERIDIONAL AVEC UNE MAISON, vers 1925; PEJZAZ Z CASSIS / PAYSAGE DE CASSIS, 1928).
(MARTWA NATURA Z ZIELONYM DZBANEM / NATURE MORTE AU POT VERT, 1929).
Pendant son séjour à Paris il a fait dans les années 1930-1931 huit panneaux à l’huile pour la chapelle royale, entre autres des peintures au plafond NAWIEDZENIE / LA VISITATION et UCIECZKA DO EGIPTU / LA FUITE A L’EGYPTE.
2. Les EAUX-FORTES :
Pankiewicz appartenait aux pionniers de la graphique artistique polonaise - une discipline qui s’était formée à la charnière du XIX et XXè siècle.
En 1899 il a publié, le premier dans l’histoire de la gravure artistique polonaise, portefeuille QUATORZE EAUX-FORTES.
WIDOK NA CANALE GRANDE I KOSCIOL S. MARIA DELLA SALUTE / VENISE. VUE DU CANALE GRANDE ET L’EGLISE S. MARIA DELLA SALUTE (1899)
Dans les eaux-fortes TEATR MARCELLUSA W RZYMIE / THEATRE MARCELLUS A ROME (1899) et KUZNIA - RZYM. ARKADA TEATRU MARCELLUSA / LA FORGE - ROME. ARCADE DU THEATRE MARCELLUS (1900) il a présenté le jeu clignotant des rayons de soleil et les ombres frémissantes dans les coins des murs couverts de mousse.
Les inspirations trouvées dans les gravures de Whistler profondément marquées par l’esthétique des xylographies japonaises ont trouvé leur expression dans la gravure KANAL PINSKI / LE CANAL DE PINSK (1899) dans laquelle les espaces vides de la surface d’eau sont complétés uniquement par de petites égratignures de l’aiguille suggérant le jonc.
La série des marines éthérées de Pankiewicz est représentée par l’eau-forte PRZYSTAN W CONCARNEAU / EMBARCADERE A CONCARNEAU (1908); le motif du bateau acquiert une importance essentielle dans les gravures PORT W FECAMP / PORT A FECAMP (1907) et LODZIE W CONCARNEAU / LES BATEAUX A CONCARNEAU (1908).
Irena Kossowska
Instytut Sztuki Polskiej Akademii Nauk
septembre 2002