Bonjour Andrzej,
Je te remercie de m'avoir répondu une fois de plus : je vais suivre ton conseil et m'enregistrer, puisque tu sembles souhaiter que nous correspondions directement. Mais auparavant, je laisse ici quelques informations supplémentaires, au cas où quelqu'un d'autre se trouverait dans une situation comparable à la mienne, ou aurait là-dessus quelques lumières.
Andrzej a écrit: (...) le fait d'avoir une partie de ses ancêtres exterminée à Auschwitz n'est pas une preuve irréfutable. Ma grand-mère y est morte, et moi je ne suis pas Juif.
D'accord sur la non-preuve ici. Seulement, ma situation personnelle est peut-être un petit peu plus compliquée : si mon arbre généalogique ne comptait que des Nowacki et des Nowak, des Kubiak et des Michalak, et au niveau des prénoms, des Johann et des Johannes, des Maria et Franziska, je ne me poserais pas la question. Mais j'ai deux branches du côté maternel, les Zajac et les Kozak, qui ne comprennent pas à l'évidence que des Polonais catholiques (les prénoms sont ici bien plus significatifs que les noms), et dont des représentants ont bien été exterminés à Auschwitz, parfois trois générations entières (grands-parents, enfants et petits-enfants) seulement sur les années 1942 et 1943. Tu sais bien que la judéité se transmet par la mère, non ? Donc, je serais bien juif, même si dans mon cas cette filiation avait été interrompue pour cause d'extermination entre la génération de mes arrières-grands parents et celle de mes grands-parents maternels. Ce qui vient contredire tout ce que je croyais savoir jusqu'ici : que durant une bonne partie du XIXe siècle et jusqu'avant la guerre, dans les provinces de l'ouest de la Pologne, les différences entre les trois communautés, allemande, polonaise et juive étaient clairement marquées, renforcées par la stratification sociale (entre Allemands, fréquemment colons, citadins, propriétaires terriens ou entrepreneurs, Polonais, qui étaient quant à eux majoritairement des ruraux et des paysans sans terre, et juifs, qui formaient surtout une classe intermédiaire d'artisans et de petits commerçants ; que ces trois groupes ne se mélangeaient pas, s'évitaient plutôt, que les haines étaient parfois vivaces entre d'une part, les colons allemands et les Polonais de souche, et d'autre part les Polonais d'origine et les juifs, les premiers jalousant l'aisance matérielle supérieure dans certains cas des seconds.
Je lis aussi chez Eugen Kogon,
L'Etat SS, livre consacré à l'organisation qui prévalait dans les camps, le nom d'un Zajac, sergent de l'armée polonaise, tué à Auschwitz. Mais celui-là n'est pas un parent (sinon dont la parenté est très éloigné de la mienne), et il était vraisemblablement tout ce qu'il y a de plus Polonais catholique...
Zając est un nom assez populaire en Pologne. Ça sonne polonais parce que le mot signifie le lièvre. Les familles Zając que je connais sont polonaises et catholiques.
Merci de ce renseignement. La signification du nom est bien connue. Mais c'est bien aussi en raison du caractère relativement courant du nom que je rencontre des difficultés à remonter les branches maternelles de mon arbre généalogique : au delà de la génération de mes arrières-grands parents je n'ai que des noms et prénoms, et rien d'autre, même pas les lieux, voire les pays de naissance : mon arrière grand-mère maternelle, du côté de ma grand-mère, est née à Katowice, mais morte en France. Mes grands-parents sont nés en Allemagne et morts en France, mais je ne sais même pas où ont vécu et sont morts mes autres arrières grands-parents, outre le fait qu'ils sont nés à tel endroit d'un tel et d'un tel...
Faisant des recherches sur le web, je découvre que je ne suis pas le seul à chercher du côté de ce nom, qui se retrouve partout : outre en Pologne, en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, sur des listes de réfugiés établies avant la guerre par la Croix-Rouge, jusqu'en Afrique ou en Australie ! Il connaît aussi toutes sortes de variations orthographiques (par exemple Zaiontz ou Chajes, semble-t-il). Il peut aussi être un nom allemand (Hase ou Haase) polonisé au cours du XIXe siècle, ou surtout après 1918. Il y a de quoi s'interroger, non ? Tous sont-ils des parents, même très éloignés, ou bien le nom Zajac est-il aussi commun chez les Polonais d'origine, qu'ils soient catholiques ou juifs, que Cheng chez les Chinois ?
Cordialement.